Le vin ne vient jamais seul, il est toujours en bonne compagnie.
Il s’acoquine volontiers avec un être cher ou un bon petit plat, dans un cadre naturel, stylisé. Autant d’éléments qui créent des souvenirs mémorables au domaine de la Dourbie, dans le Languedoc.
Aujourd’hui installé à Bruxelles, Nicolas, pleinement engagé dans cette aventure fa- miliale, se souvient des étés passés dans le Languedoc, auprès de ses grands-parents : « L’odeur à tomber des grillades d’agneau du Larzac, le goût d’anis rafraîchissant de l’antésite, qu’on buvait façon pastis avec de l’eau et des glaçons. »
À la Dourbie, la tradition et le savoir-faire se bonifient avec une démarche disruptive, renouant avec des cépages autochtones oubliés. « Le terret bourret confère peps et fraîcheur à l’Oscar et au Marius blancs. Du côté des rouges, Intemporal est un 100% cinsault aux tanins soyeux. J’ai un faible pour Joseph aussi, un rouge gourmand, généreux », confie Nicolas.
La Dourbie en trois mots ? « Collectif pour le travail d’équipe, sans lequel rien ne serait pos- sible. Plaisir, à travers le vin, mais aussi l’expérience à vivre sur le domaine. Et durable pour saluer les efforts constants en vue de réduire toujours plus l’empreinte écologique », résume celui qui partage son temps entre la Belgique et la France. Mais à la Dourbie, on ne se contente pas de travailler la vigne et d’élever des vins de qualité avec autant d’huile de coude que de créativité téméraire. Les efforts se prolongent dans le packaging, qui allie audace et cohérence. « Nous avons entrepris une démarche globale afin d’offrir une expérience de dégustation to- tale. Le vin est un produit de plaisir, et ce plaisir passe aussi par les yeux. Sans tomber dans le gimmick, car l’épure doit rester le maître-mot. »
Pour préserver l’histoire du domaine, affirmer son identité, marquer le coup, un rebranding a été mené par l’agence bruxelloise Coast, lequel a accouché du nom Dourbie ponctué d’un point. En parallèle, les étiquettes des bouteilles, aux allures de flacons de saké, ont également été revues. « Notre approche graphique, peu commune dans l’univers du vin, reste néanmoins sobre et respectueuse du produit. Sur les quilles de Mala Coste et d’Intemporal, une trace il- lustre l’empreinte de l’homme sur le terroir, et du terroir sur l’homme », précise Frédéric Van- horenbeke, associé et directeur créatif de Coast. Mention spéciale pour les cartons kraft et les bouteilles allégées, qui font rimer biologique et écologique.
Into the wine
Le domaine a été racheté en 2003 par Emmanuel Serin et son père. Avec Laurent Graell, l’actuel directeur technique, et toute l’équipe, le domaine a progressivement trouvé sa vocation. Serin est malheureusement décédé en 2021. Alors que je ne connaissais pas les vins avant, je sens que le domaine a trouvé son rythme de croisière. C’est un domaine qui n’a pas peur de repousser les limites, d’expérimenter, d’adapter ses pratiques et de modeler chaque vin chaque année en fonction du style recherché. Viticulture biologique, pas de chênes apparents, long vieillissement dans des récipients variés tels que des œufs en argile, de grands foudres et une sélection de barriques (dont certaines sont faites à la fois de chêne et d’acacia). Les vins ont des textures soyeuses, sont faciles à boire, légers et frais. Je crois que nous pouvons montrer quelque chose d’autre, quelque chose que l’on ne voit pas habituellement dans le Languedoc”, déclare M. Graell. Il s’agit d’une entreprise moderne, tournée vers l’avenir, mais qui reste fermement ancrée dans le Languedoc : “Nous n’utilisons que des cépages méditerranéens, ceux qui conviennent à ce terroir, mais nous sommes la nouvelle génération, voyons ce que nous pouvons faire”, déclare-t-il.
Crédit: Par Virginie Dupont / Photos Benjamin Leveaux